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Yvan à Bruxelles

Yvan à Bruxelles

Ancré de plain-pied dans la modernité, Yvan Osscini ne s’encombre d’aucune référence et peint comme il respire, à pleins poumons, sans se soucier de ce qu’on produit ailleurs, même si son art doit un peu (ou beaucoup ?) aux graffeurs qui ornent les murs de Marseille d’œuvres plus ou moins durables et si, curieusement, il confie être inspiré par les maîtres de la Renaissance, dont il admire le traitement des matières et le rendu, plutôt que par le Pop art. S’il ne rechigne jamais à utiliser les pinceaux traditionnels ou la brosse, il privilégie l’usage de la bombe de couleur pour tirer des traits qui deviennent expressions ou traces. Son style allie simplicité et complexité dans des élaborations pouvant être monumentales. Là, encore, l’homme ne se laisse pas malmener par les contraintes et travaille dans son atelier à l’abri des regards, pour déconstruire le réel afin de le réinventer avec deux doigts de fantaisie, énormément d’inspiration et un soupçon de poésie. Loin de toute rhétorique, il privilégie les mots simples pour parler de sa formation comme peintre de lettres et sa lente évolution dans le domaine du visuel pur. Au moment de laisser germer des idées ou des sensations, tout fait office de support : papier, toile marouflée, aluminium, plexiglas, bois. Chaque matière absorbe ou ralentit le geste pour opérer l’acte de magie pure qu’est le tableau en gestation et la découverte de celui-ci achevé. Assurément, faire le tour de l’exposition qui lui est consacrée à Bruxelles n’apporte aucune clé de lecture sémantique. Chaque création vit pour elle-même, sans interférer avec celle qui la précède ou qui la suit, même si une homogénéité circonscrit l’ensemble pour matérialiser le choc du regard. Le visiteur est donc invité à se forger un avis propre et à se laisser entraîner dans l’ambiance qui éclot aux cimaises. L’expression picturale d’Yvan Osscini repose sur une série d’associations et de décalages. On imagine peu la lente préparation nécessaire lors de la phase de composition. Rien n’est laissé au hasard et on ne compte pas les croquis avant d’attaquer la conception. Trait précis, harmonie des teintes, support des technologies modernes, tout est conçu avec méticulosité, avant d’être bousculé pour renaître entre les mains d’un faiseur de rêves. La place de l’illusion demeure également omniprésente, avec cette étrange sensation de déjàvu et d’inédit, de proximité et d’éloignement, de langage classique et de vive modernité. On est enfin subjugué par la finesse d’exécution, où chaque élément trouve sa place, méticuleusement inventorié pour inviter le public au dialogue. Certains parlent de formes hallucinées, de palette flashy, du jeu de la perspective qui donne l’impression que ce qui est loin devient proche et inversement. Univers pop, acidulé et un chouia psychédélique font d’Yvan Osscini un plasticien inclassable et bien heureux d’entrer dans aucune nomenclature. L’étiqueter reviendrait tout simplement à étouffer son originalité, à le contraindre à suivre des règles, à s’affranchir d’un caractère rebelle qui lui sied à merveille et à produire comme beaucoup d’autres le font …sans âme et en se limitant à répéter inlassablement ce qu’on peut voir çà et là. Découvrir ses dernières réalisations équivaut à vivre une expérience chromatique peu commune et à se laisser sertir par une atmosphère au sein de laquelle on respire sans hoquets, en oubliant le marasme et en prenant la peine de contempler la société de consommation sans se soucier des poncifs qui nous irritent tellement. Une débauche de thèmes baptisés «Univers neuro-psychédélique» à embrasser jus- qu’au 24 février 2019 à Espace Art Gallery !

Plus de détails :

www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken 83 à 1000 Bruxelles
Daniel Bastié